Sébastien M. (Jimmy)

Quatrième de couverture :

Du milieu des années 90 au début des années 2000 ; de l’insouciance enfantine aux interrogations identitaires de l’adolescence, Sébastien, jeune lycéen gay de seize ans, grandit dans une société où l’homosexualité est un crime. Les camps de correction destinés à guérir la communauté LGBT fleurissent et les frontières entre justice et morale se troublent. Victime de ces changements et d’un des bourreaux le plus dangereux de son école, Sébastien se tourne progressivement vers la loi du Talion. Lorsque la vengeance devient son unique instrument de réparation, quelles limites Sébastien compte-t-il dépasser dans une société où les représentations sociales l’étouffent ? Cette vindicte deviendra-t-elle pour le jeune homme une planche de salut ?

« Une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente. Elle a provoqué un mélange de sentiments en moi. Quand je repense à ce titre, cela ravive toutes les émotions. Un récit que je te recommande afin que tu prennes conscience que tout le monde n'est pas ENCORE libre d'aimer et de vivre selon ses convictions profondes. Un titre à mettre entre toutes les mains. Pour des lendemains meilleurs. »

Je suis triste. En fait, je ressens une profonde tristesse après cette lecture. A vrai dire, c'est l'épilogue qui me rend triste. Pour être honnête, je ne m'attendais pas à cette fin. Néanmoins, en tout transparence, je n'imaginais absolument pas une fin heureuse. Surtout pas après un récit assez sombre dans son ensemble.

Cela fait un moment que j'ai envie de sortir de mes lectures habituelles, de sortir de mon univers imaginaire majoritairement emplis de paillettes, de licornes et de happy ending. C'est assez confortable, je le reconnais. Toutefois, j'ai soif de nouveautés, de m'instruire, de me remettre toujours en question. Et ceci par le biais de mes lectures diverses et variées.

Jusqu'à lors, mes lectures classifiées LGBT+ étaient assez positives où l'amour était le maître incontesté des récits. Tout le contraire de ce titre, c'est pourquoi, j'ai eu envie de le découvrir.

Sébastien M. est le premier roman de Jimmy. Je n'ai trouvé aucune information sur ce jeune auteur mise à part qu'il est né en 1988 à Saint-Étienne. Toujours est-il que pour une première, il offre aux lecteurs un récit puissant. Cela me laisse croire que certains faits seraient inspirés de son vécu personnel.

Toutefois, même si je reconnais des qualités à ce titre, je lui trouve également quelques défauts.

En premier lieu, la ville où se déroule l'histoire est jamais clairement identifiée. Est-ce un bug de mon ebook ou est-ce volontaire pour instaurer un certain mystère ? Aucune idée.

En réalité, lors de la lecture de l'introduction, baignée dans une vague de violence, j'ai été confuse. Je ne comprenais pas ce que je lisais. Est-ce de ma faute ou est-ce dû à une écriture maladroite ou précipitée, néanmoins, je me suis sentie perdue. Cependant, je n'ai pas abandonné la lecture.

Au fur et à mesure des pages, j'ai commencé à saisir la logique des chapitres. Au bout du compte, le gros point fort de ce roman est sans contexte sa narration. Même si j'ai rencontré, au cours de ma vie de lectrice, des narrations alternées maîtrisées, celle-ci, demeure intéressante. En effet, le récit s'articule entre un personnage principal et un secondaire. Les chapitres s'alternent entre un récit au présent quand il s'agit du protagoniste secondaire. Et une évolution temporelle pour le personnage principal puisqu'on le retrouve à des âges différents.

Pour ma part, je trouve que cette narration est attrayante. Cela donne du rythme à la lecture et m'a personnellement amené une certaine réflexion.

Mon observation porte sur le rôle de l'éducation des parents et de l'entourage dans le comportement des enfants vis à vis de la différence.

Des enfants qui deviennent des ados puis des adultes à leur tour.

C'est un sujet fascinant qui mériterait que je m'y attarde. Toujours est-il que de nature les petits sont majoritairement bienveillants. En tout cas, j'en suis persuadée. Sauf qu'au cours de cette lecture, je me suis rendue compte que les enfants sont justement conditionnés tôt pour pointer du doigt la différence. Et plus grave. Corriger ces déviations.

En un peu moins de 300 pages numérique, l'auteur a réussi à évoquer toutes les violences rencontrées par les différents personnages homosexuels  et gay-friendly de son roman. Du harcèlement moral au harcèlement physique, des humiliations publiques, des corrections physiques, des passages à tabac conduisant jusqu'aux meurtres. Tous ces faits provoquent un mélange de sentiments en moi. De la colère. De la tristesse. Ainsi que de la peur.

D'ailleurs, il suffit de s'intéresser un minimum à la cause LGBT pour se rendre compte que les agressions sont toujours d'actualité ; que les camps de correction existent encore de nos jours ; que certaines pratiques sont à te glacer le sang. Dans une société qui évolue - plus ou moins - sais-tu qu'aucune loi française interdit les thérapies de conversion ?! Maintenant, tu le sais.

Bref, il y aurait tant à dire, tant à dénoncer également...

Même si je peux reprocher des petits détails au roman, je te le recommande. Pour certains lecteurs, il sera instructif en leur ouvrant peut-être les yeux. Ainsi, ils prendront conscience que la vie n'est pas tout rose. Et que tout le monde mérite la liberté d'aimer, la liberté de vivre dans la différence. Pour d'autres, il dérangera ou en tout cas, il provoquera sûrement une émotion quelconque.  Quoi qu'il arrive, « Sébastien M. » s'inscrit dans les faits actuels de la société. Un récit touchant, puissant, emprunt de violence. Et une fin très triste qui m'a brisé le cœur en me laissant un goût amer dans la bouche.